Etre enseignante aujourd'hui...
Celles qui me suivent depuis un certain temps déjà savent comme j'aime mon métier ! Je suis institutrice (comme on disait dans l'ancien temps) par vocation depuis maintenant 35 ans. Ving-cinq ans dans la même école et c'est ma vingtième année de CM2. Si préparer ma classe et me retrouver devant mes élèves me ravit toujours autant, je constate d'année en année une dégradation de mes conditions de travail. Je vais me plaindre un peu, aujourd'hui...
Exemple : J'ai répété une bonne vingtaine de fois à un de mes élèves de quitter sa casquette dans les bâtiments de l'école. Vendredi dernier, calmement, à 16h30, j'enlève de la tête de deux de mes garçons leur casquette. Ils me demandent si je la leur rends, je leur dis que ce sera fait le lendemain quand nous expliquerons encore une fois pourquoi je leur demande d'ôter leur couvre-chef en classe. Je conduis ma classe au portail puis fais demi-tour pour regagner les bâtiments... Un père d'élève me court après en criant mon nom. Je m'arrête pensant qu'il a quelque chose d'important à me demander. Il se met alors à hurler et à exiger que je rende immédiatement la casquette de son fils en me menaçant de me "règler mon compte" au prochain conseil d'école ! Tout cela devant mes élèves bien sûr. Et il essaie de m'arracher les casquettes des mains !
Et cela ou quelque chose d'approchant se reproduit toutes les semaines ou presque : certains parents viennent "se payer l'instit". Hélas pour leurs enfants ce sont souvent les parents dont nous aimerions qu'ils travaillent main dans la main avec nous car ce sont justement leurs enfants qui posent le plus de problèmes. Bien sûr que nous avons une grosse majorité de parents avec qui nous pouvons discuter/travailler/avancer mais trois fois hélas ce sont les quelques énergumènes violents qui nous pourrissent la vie et nous font dépenser beaucoup d'énergie qui serait mieux employée à nous occuper de nos élèves !
Et quand nous essayons de dire "stop" on nous accuse d'être des privilégiés caractériels...
Je veux bien passer autant de temps et d'énergie que nécessaire (et même souvent plus que nécessaire) pour mes élèves mais j'en ai "ras la papillote" de me faire inutilement agresser et de devoir malgré cela instaurer un climat de respect et de travail dans ma classe !
Veuillez, toutes et tous, m'excuser de ce mouvement d'humeur mais il fallait que "ça sorte" pour que je puisse repartir, demain matin, dans ma classe avec un minimum de sérénité et un maximum de plaisir.